3.5.06

Goodbye, extropy!

C'est officiel: l'Extropy institute ferme ses portes. Au cours des années 90, les "extropiens" constituèrent la tribu qui porta avec le plus d'enthousiasme (mais pas forcément avec le plus de réalisme) les idées "transhumanistes" comme l'immortalité, la cryonique, le téléchargement de l'esprit dans un ordinateur, l'avènement de la nanotechnologie ou de l'intelligence artificielle ... Dans l'esprit extropien ces idées étaient bien souvent mélées au "libertarianisme", adulation immodérée du libre marché confinant à l'anarcho-capitalisme (certains extropiens préférant toutefois à ce dernier le minarchisme, c'est à dire un Etat réduit au strict minimum).
L'Extropy Institute n'avait pas de position politique officielle. Pourtant, bien longtemps, sur sa liste des "livres à lire", on trouva les oeuvres d'apôtres déchainés du capitalisme comme David Friedman et Ayn Rand (Sainte patronne des objectivistes qui, parait-il, sont differents des libertariens: les ultralibéraux sont comme les trostkistes ils ont tendance à se scinder dès qu'ils se réunissent à plus de trois). Et tous ceux qui se firent copieusement insulter sur la liste de discussion du groupe pour avoir osé insinuer que les impôts pouvaient parfois être une bonne chose savaient très bien à quoi s'en tenir.
Pourtant, les choses avaient évolué ces dernières années: après le remplacement de Max More par sa femme, Natasha Vita More, à la tête de l'Institut, les aspects les plus militants avaient été fortement adoucis. Mais surtout, l'Amérique avait changé: l'hystérie des dot.com s'étant tue, Wired, la revue évangélisatrice, se retrouvant rachetée par Lycos et n'étant plus que l'ombre d'elle même, on en revenait aux bonnes vieilles frontières: un capitalisme chrétien de droite s'opposant à une horde de "commies" dégénérés. Dans ces circonstances, le libertarianisme, si apprécié de la Silicon Valley, qui mélait capitalisme et liberté de moeurs perdait une grande part de sa popularité.
D'autres coups sont venus, du côté scientifique. La cryonique, sur lesquels les extropiens des débuts placaient grand nombre de leurs espoirs, n'a jamais démarré. La nanotechnologie est devenue populaire, mais les rêveries d'un Eric Drexler, qui imaginait que cette nouvelle discipline nous donnerait des pouvoirs quasi divins, sont maintenant repoussées dans un futur lointain. Quant à l'intelligence artificielle, elle se trouve à peu près au même point qu'au début des années 90.
Enfin, d'autres organisations transhumanistes, plus matures et bien moins orientées politiquement, comme la WTA, ont commencé à grignoter le territoire des extropiens.
Ce faire-part de décès n'est donc pas des plus surprenants. Mais qu'on ne s'y trompe pas: le désir "transhumaniste" d'un homme postbiologique vivant parmi les étoiles n'est pas près de s'éteindre. il était déjà présent lorsque les auteurs anonymes du Rig-Veda chantaient la puissance du soma, quand les alchimistes préparaient leur pierre philosophale dans le silence de leur laboratoire. Il sera encore là demain, s'appropriant telle ou telle nouvelle technologie susceptible de participer à sa réalisation.
La naissance et la disparition de l'extropy institute n'est qu'un tout petit évènement dans l'histoire d'un courant de pensée qui, tout en cherchant à dépasser la dépasser la nature humaine, en fait pour toujours partie intégrante.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

salut
entierement d accord avec toi les mèmes de la transcendence sont des plus tenaces ; esperons que cette utopie soit realisable et profitable pour l ENSEMBLE du vivant.
AMEN(pardon!!!!!!!!)

vendredi, décembre 08, 2006 3:31:00 PM  

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